je l 'aime
Elle viens de me quitter, elle a pris ses affaires et je l’ai regarde partir sans rien dire, muet, la gorge serré, pour lui dire quoi, lui faire encore une scène, des reproches, la supplier, mon cerveau n’as pas réagi. Quand son véhicule a démarré et que je n’ai plus vu ses yeux dans le rétroviseur j’ai compris, enfin j’ai compris que le plus dur allait commencer. Nous sommes le huit septembre.
Dire que tout vient de s’écrouler est un doux euphémisme. Le raz de marée qui a envahi mes yeux coule encore aujourd’hui, les vagues sont moins fortes mais encore suffisamment puissantes pour passer par-dessus la digue de mes cils pour couler sur mes joues.
Je suis pas le premier dans cette situation et je ne serais pas le dernier es- que cela doit me rassurer ou atténuer ma douleur, j’en sais rien et puis les autres ne sont pas dans mon cerveau en plus, ils ont d’autres chats a fouetter, c’est quoi une séparation : une banalité affligeante, presque le quotidien de la vie, la mise au rencard de sentiments. Un couple sur trois divorce en province , pour une fois, je fais partie des heureux élus.
Je sais ce que vous pensez soit : j’y suis passé et la vite, on referme le livre pour éviter de faire remonter les souvenirs douloureux, ou on se dit c’est pas pour moi, le style larmoyant du type qui vis un divorce, ça va être chiant ! il va nous faire de la guimauve et se plaindre sur son sort nous rappelez des moments douloureux , l’âme humaine oublie vite le malheur surtout chez les autres « mets les infos, comment on peut supporter en deux mille quatre une telle horreur ,passe moi la moutarde, pense a en racheter, t’as vu ce qui reste ! »
soit, le psy qu’il faut consulter:
- mon cher ami, vous comprenez que les sentiments ne peuvent s’acheter. il faut positiver, il faut analyser ,la thérapie est importante , vous devez faire le deuil, les médicaments vont vous aider alors, vous allez me prendre trois EFFEXOR par jour, et si vous vous avez des angoisses, (bien sur que j’en ai qu’est que tu crois !), un ATARAX matin et soir ou du LEXOMIL comme vous préférez, on se revoie dans une quinzaine, vous voyez avec secrétaire pour le rendez- vous et le règlement.
A part me droguer, que suis-je pour toi un nom dans l’agenda. Enfin je ne suis pas la pour faire le procès de la psychanalyse, bien au contraire elle est nécessaire pour aider beaucoup de maladies.
Une séparation n’est pas une maladie, simplement un constat. une douloureuse épreuve en général pour l’un des deux. cette histoire est banale, pourquoi la coucher sur du papier ? me permettre d’exorciser ma douleur , me reconstruire , il faut y croire, ce cri d’amour qui fait si mal et qui vous ronge .
Mais commençons par le commencement.
